Les publications sur la culture des morilles reprennent sérieusement en 1982 lorsque R. Ower publie un court article sur une fructification réussie de morilles de l'espèce Morchella esculenta (espèce mise en doute depuis) qui lance toute une série de brevets et une tentative d'exploitation commerciale. Les brevets seront cédés plusieurs fois jusqu'à ce que le procédé sombre dans l'oubli après un succès commercial plus que mitigé. Ce procédé ne sera jamais copié avec succès (à deux exceptions près et toujours avec la même souche), malgré de nombreuses tentatives. Ower ne profitera ni de la célébrité, ni de retombées financières puisqu'il sera assassiné dans un parc de San Francisco avant la publication du premier brevet de 1986. Cet article de 1982 relance toutefois une "hype" sur la culture de la morille avec plusieurs articles qui montreront les conditions optimales pour que le mycélium de morille mène à des sclérotes volumineux : il doit germer dans des conditions pauvres, atteindre une source "riche" et distante de carbone puis rapatrier les sucres vers le point d'inoculation pour former des lipides, forme de stockage privilégiée. Le lieu de formation des sclérotes est réglé en priorité par une pauvreté locale du milieu avec en seconde priorité l'âge du mycélium. Ce processus d'engraissement peut-être reproduit plusieurs fois en transplantant manuellement les sclérotes.
En 1987, la thèse de F. Buscot propose des méthodes expérimentales très poussées pour comprendre la variabilité des phénotypes de mycéliums de morille issus de cultures de spores et situer leur rôle dans la stratégie reproductive de ce champignon. Cette thèse donne lieu à une série d'articles sur le cycle biologique de la morille en situation pérenne ou saprophyte. L'auteur met en évidence l'existence de deux phénotypes marqués de mycélium chez Morchella rotunda (clade morilles blondes, ou esculenta) à partir de cultures monosporales (dilutions de cultures polysporales) : un mycélium cotonneux à croissance lente ayant une difficulté à former des sclérotes autres que tardifs et isolés (voire pas du tout) et un mycélium plat à croissance rapide et à formation de sclérotes précoces et encroûtants, puis tardifs et isolés. Les sclérotes précoces sont assimilés à des ébauches d'ascocarpes (probablement les mêmes que décrits par Molliard) tandis que les sclérotes tardifs isolés sont assimilés à une forme de stockage, de résistance au froid et/ou d'association avec les racines. On regrettera que Buscot n'ait pas fait d'essais de résistance au froid des sclérotes précoces, sans en donner la raison. L'auteur montre enfin que la tendance à former des sclérotes chez cette espèce est soumis à une influence saisonnière marquée (en conditions maîtrisées et stables, elle est maximale au printemps, puis marginalement à l'automne), ce qui ne sera hélas plus jamais reporté dans la littérature, de même que la probabilité de germination des spores qui suit un cycle annuel (maximale elle aussi au printemps, puis marginalement à l'automne). L'auteur ne tranche pas clairement sur la signification de ces deux phénotypes mais constate qu'ils sont tous deux présents sur des cultures polysporales issues d'une seule et même morille (50%/50% à peu près), avec des variations entre morilles d'une même espèce. L'auteur remarque que le mycélium plat à croissance rapide finit par dégénérer en mycélium cotonneux ne formant plus de sclérotes. F. Buscot évoque un rôle éventuel de spermaties pour les conidies, ce qui est diablement intéressant quand on sait que certains ascomycètes ont un cycle reproducteur impliquant une fécondation directe des sclérotes (ceux-ci devant alors avoir un rôle sexuel) par les spermaties. Ceci n'a jamais été prouvé mais est toujours évoqué dans des papiers scientifiques récents. Bref, cette thèse est aussi intéressante qu'introuvable, en tout cas jusqu'à sa publication sur ce blog en 2019 (voir bibliographie). Les résultats de Buscot sont globalement cohérents avec ceux de Hervey publiés 10 ans plus tôt chez Morchella esculenta.
En 2005, la thèse de S. Sehgal portant sur Morchella esculenta montre que la culture de fragments d'ascocarpe mène à un mycélium probablement dicaryotique, que la confrontation systématique de cultures de spores ne mène à un mycélium dicaryotique que si ces spores sont issues d'ascocarpes différents (ou alors avec une probabilité variable suivant les auteurs pour des spores issues d'un même ascocarpe) et enfin que le mycélium dicaryotique présente un aspect généralement plus foncé, prostré et irrégulier que celui issu de cultures monosporales. Les cultures monosporales donnent en effet naissance à un mycélium crémeux à bordure régulière. Les mycéliums mono et dicaryotiques sont capables de mener à des sclérotes, avec une productivité accrue dans le cas de mycéliums dicaryotiques. L'auteur conclut sur la base de la littérature citée que de nombreux échecs dans la tentative de culture des morilles sont probablement dus à l’amplification et la culture d'un mycélium monosporal (ou monocaryotique). L'avis de Buscot (antérieur) est plus nuancé : pour cet auteur un mycélium monosporal peut s'auto-anastomoser en stratégie opportuniste (riche en nutriments) et fructifier, tandis que la croissance dans un milieu pauvre (stratégie pérenne) augmente l'auto-stérilité et favorise l’appariement de mycéliums complémentaires et la formation de mycéliums dicaryotiques.
A titre anecdotique, la corrélation positive entre le niveau d'enneigement et la récolte de morilles en milieu naturel est également reportée par Sehgal, corroborant mes observations personnelles de cueillettes dans le sud-est de la France (Plus l'hiver est froid et neigeux, plus la récolte est abondante).
Enfin, dans le courant des années 2000, les Chinois s'intéressent également à la culture des morilles. On ne sait pas vraiment à quel point (ni surtout à partir de quand) les travaux d'Ower ont servi d'inspiration, mais les Chinois développent une méthode fortement inspirée de cette idée de forcer le mycélium à pousser d'un sol pauvre vers une source de carbone riche. Cette méthode semi-naturelle s'avère à la fois reproductible et suffisamment productive pour que la morille chinoise atteigne le marché français depuis quelques années. La méthode demande des quantités d'intrants astronomiques (à peu près 24 tonnes/hectare), des équipements peu courants (autoclaves capables de stériliser des tonnes d'intrants en un seul run) et pas mal de main d'oeuvre. La rentabilité de cette méthode en Chine est mise en doute par plusieurs études (voir le prochain article).
Une thèse récente (2019) de Pennsylvania State University intitulée "Studies on the Molecular Identification, Biological Characteristics and Indoor Cultivation of Morchella spp." par Siyi Ge fait l'objet d'un article dédié sur le blog.
Faits marquants :
- La morille peut se reproduire selon une stratégie pérenne (en situation de quasi-parasitisme avec des végétaux supérieurs, dont les astéracées et les oléacées, mais pas uniquement) avec un cycle pluriannuel, ou selon une stratégie opportuniste ou saprophyte, avec un cycle court comportant une saison de végétation tout au plus. Le statut mono- ou dicaryotique du mycélium menant à des fructifications n'est finalement jamais clair, mais le mycélium monocaryotique mènerait à des ascocarpes sans spores, et celui-ci serait prédominant en stratégie opportuniste (notez le conditionnel). Morchella elata au moins serait apte à mener à des ascocarpes stériles de manière asexuée (le mycélium issu d'une seule spore peut s'auto-accoupler si ce terme a un sens pour les Fungi). Selon les sources, l'appariement par anastomose ("accouplement") de deux mycéliums monosporaux haploïdes (n chromosomes) pour former un mycélium dicaryotique (n+n chromosomes) aurait lieu soit dès la germination, soit lors de la formation finale des ascocarpes. La caryogamie suivie de la méiose finale est la toute dernière étape menant aux asques. La phase diploïde (2n chromosomes) est donc très éphémère. Certains auteurs vont jusqu'à considérer chaque mycélium secondaire de morille comme pouvant être une véritable colonie de plusieurs individus (mycélium multicaryotique à n+n+n+.... chromosomes). Ceci permet d'expliquer la variabilité génétique (phénotypique) observée au sein d'une même population de morilles. De même les variations importantes du taux d'auto-stérilité des spores issues d'un même ascocarpe reportées par différents auteurs trouvent là une explication plutôt simple et élégante. Plus les noyaux d'un même mycélium sont issus de spores différentes, plus l'auto-stérilité des spores issues de ce même mycélium via un ascocarpe sera faible. Ceci plaide grandement à mon avis pour un mode de culture artificiel basé sur une inoculation polysporale.
- Il semble exister plusieurs phénotypes de mycélium présents chez une même espèce de morille ayant peut-être des rôles écologiques distincts. Un des phénotypes (mycélium ras à croissance rapide et formation de sclérotes précoces et encroûtants) mène à une forme de sclérote ayant un rôle probablement reproductif. Il n'est pour moi pas exclu, à la lecture de l'ensemble de la bibliographie, parfois contradictoire, que ces deux classes de mycélium ne soient pas en fait tout simplement des mycéliums monocaryotiques (mycélium cotonneux) et dicaryotiques (mycélium plat). Mon jugement est cependant loin d'être définitif sur ce point étant donné que le phénotype observé du mycélium (dans la littérature) est en réalité beaucoup plus polymorphe (sont reportés un effet de l'âge de la culture, du milieu de culture, de l'espèce, de la concurrence trophique, de la température, etc.).
- Les stratégies pérennes et opportunistes de la morille sont totalement complémentaires. La morille peut basculer de stratégie opportuniste à pérenne lors de la mise en place d'un écosystème forestier stable. La morille passant dans ce cas de la consommation opportuniste de la nécromasse au parasitisme pérenne des extrémités des racines, sans effet perceptible sur les organismes infectés. À l'inverse, à l'occasion de la mort de son hôte (incendie, infection par un autre organisme, abattage), la morille, en situation privilégiée de parasite des racines, redevient nécrophage opportuniste, voire plus précisément rhizonécrophage. Le cas des "morilles de feu", particulièrement documenté étant donné leur importance économique aux US, montre que celles-ci ont un comportement purement opportuniste par rapport à la consommation du carbone issu de la nécromasse partiellement carbonisée. Il est possible que les morilles "de feu" soient une cohorte spécifique de morilles capables de métaboliser rapidement les produits de pyrolyse de la cellulose (comme le levoglucosan par exemple, précurseur direct du glucose par simple hydrolyse enzymatique, comme cela a été reporté pour d'autres ascomycètes). Les morilles de feu sont en effet toutes concentrées dans deux sous-clades spécifiques (mais indépendants entre eux) du clade "Elata", ce qui laisse penser à l'acquisition-transmission d'un arsenal génétique (et donc enzymatique) particulier découvert indépendamment deux fois par le genre Morchella. Toujours est-il que les chercheurs de morilles de feu savent repérer les bons coins à l'intensité locale des incendies : il faut que la combustion ait été juste assez intense ("soft burn") pour tuer les conifères sur pieds sans brûler leurs aiguilles sommitales qui formeront un tapis au printemps. Cette configuration "optimale" est très spécifique aux bordures des zones incendiées.
- La formation des ascocarpes est la conséquence de la capture d'un milieu riche en carbone et le rapatriement de ce carbone vers le point d'inoculation du mycélium, idéalement situé en milieu pauvre. Le transfert de carbone ne se fait que des parties jeunes du mycélium vers les parties âgées. Dis autrement, le mycélium pousse dans la direction du gradient de la concentration du milieu en carbone (chimiotactisme classique), mais rapatrie massivement les produits métaboliques en sens inverse (et ça ce n'est pas courant, ni intuitif, ni énergétiquement favorable). Je ne sais pas à quel point le mycélium tolère une déviation à ce principe de base. Le rôle évolutif de ce mécanisme, presque unique chez les champignons, n'est pas élucidé. Ce mécanisme a été découvert récemment (fin du XXème siècle). Cette stratégie est peut-être destinée à la capture rapide du carbone (le mycélium de morille présente une vitesse de croissance très élevée pour un champignon et forme très rapidement des sclérotes in vitro) dans des sources riches et donc très concurrentielles, puis son stockage hors de portée des prédateurs (vers de terre, insectes et autres fouisseurs). Les transferts d'azote à travers le mycélium sont à l'inverse quasi-inexistants, le mycélium semblant se contenter des ressources en azote disponibles localement pour synthétiser son arsenal enzymatique. Seul le carbone subit un transfert mesurable. La formation des ascocarpes est obligatoirement précédée par une vernalisation puis un lessivage intense des sclérotes (ou simplement d'un mycélium engraissé, la littérature n'est pas du tout claire sur ce point) formés en milieu pauvre, et enfin une augmentation des températures. Cette vernalisation obligatoire doit aussi voir une fonction évolutive : la morille fructifie en effet mieux dans des conditions où les prédateurs du sol sont éliminés, juste après les grosses vagues de froid de fin d'hiver, en particulier lorsque celles-ci sont intenses. On peut conjecturer que la morille a développé un ensemble efficace de stratégies d'évitement de ses prédateurs, au moins en conditions opportunistes (qui consiste globalement à les prendre de vitesse et à sécuriser ses organes de réserve). Il est toutefois bon de noter que mis à part Matruchot en 1908, personne n'a jamais pu effectuer d'observation directe de sclérotes de morilles dans la nature. Matruchot les décrit d'ailleurs plus comme des amas de terre indurés par du mycélium, non différenciés, que comme des organes à proprement parlé. Il est donc probable que les sclérotes présentent une forme plus diffuse in natura qu'in vitro, voire que la forme de stockage du carbone en terre soit juste du mycélium riche en matières lipidiques.
- Le signal de déclenchement de la formation des sclérotes in vitro (a priori précoces encroûtants) est analysé de manière assez diverse selon les auteurs. Sont cités : l'épuisement en azote du milieu, l'atteinte d'une frontière physique ou la fin de colonisation du milieu et enfin un âge avancé du mycélium. En boîte de pétri tout coïncide plus ou moins temporellement si l'inoculation est faite au centre. Je trouve que l’explication la plus convaincante est donnée par Cotter : les sclérotes se forment dès qu'une portion âgée du mycélium (inoculum initial compris) est située en milieu plus pauvre que des parties jeunes du mycélium, ce qui revient plus ou moins à la règle énoncée dans le paragraphe précédent. On entend par "milieu" un support solide. La pauvreté du milieu est d'après moi prioritaire sur l'âge du mycélium pour fixer le lieu d'apparition des sclérotes. Je considère les obstacles physiques (parois en verre non immergées in vitro) comme une simple extension du concept de support pauvre, pas besoin d'énoncer une nouvelle hypothèse.
- La levée d'inhibition des sclérotes (ou d'un mycélium engraissé) en fin d'hiver et leur "germination" en mycélium pour former des ascocarpes serait due à différents facteurs. Sont cités : un cumul de températures positives depuis la fin des gelées (en France), une amplitude thermique ou lumineuse particulière, une flore bactérienne particulière du sol, le noyage par les pluies de printemps, etc. Mon expérience de ramasseur de morille me pousse à penser que le signal de fructification est essentiellement un radoucissement (au sens thermique) du sol en profondeur concomitant à la reprise brutale de végétation des arbres, avec une bonne humidité de la litière forestière. Cette règle est bien sûr connue des anciens qui conseillaient de suivre le débourrement des bourgeons des arbres pour savoir quand trouver des morilles. On peut imaginer un signal chimique (appauvrissement brutal en sucre par exemple) émanant des racines des arbres, mais cela n'explique pas le synchronisme de poussée des morilles pérennes avec les morilles opportunistes ou de culture.
- La fructification dans la nature des morilles au printemps et en automne est reportée comme étant possible voire courante, en particulier par Sehgal (dans certaines régions montagneuses de l'Inde et pour certains clades). La production des sclérotes et la germination des spores étant également maximale au printemps et à l'automne, on peut penser que ces fructifications automnales sont dues à un enchaînement météo particulier qui raccourcit le cycle normal de fructification, typiquement un début d'automne assez froid pour lever l'inhibition des sclérotes (ou du mycélium) formés au printemps puis un redoux pluvieux marqué ensuite. La probabilité faible d'avoir cet enchaînement entre le solstice d'été et l'équinoxe d'hiver, couplé aux besoins de vernalisation probablement différents entre espèces de morilles fait que ces poussées automnales doivent être exceptionnelles (localisées géographiquement ou concentrées sur des clades à faible besoin de vernalisation). Cela montre en tout cas l’opportunisme du genre Morchella, qui présentant un maximum d'activité au printemps et en automne, peut se servir indifféremment de ces deux saisons soit pour accumuler des réserves, soit pour fructifier sur des réserves précédemment accumulées.
- Le mycélium de morille peut se nourrir de n'importe quel type de substrat stérilisé (en culture solide ou liquide) du moment qu'il contient azote et carbone assimilables et un pH légèrement basique : céréales, pain, déchets organiques (tomates, citron, pâte de papier, épluchures de légumes, dérivés laitiers, etc.). La présence de calcium (cendres, chaux, carbonate de calcium) est essentielle. Le blé reste le substrat de référence pour les cultures stériles. Fait insolite, la présence de morilles autour de cadavres d'animaux restés en place l'hiver ou de restes humains (au printemps 1919 par exemple, sur zone bombardée), est également reportée. La mise en place de sources de carbone avant le 11 novembre est donc un paramètre favorable... et l'appétence de l'homme pour la morille tout à fait réciproque semble-il.
- Le mycélium de morilles ne garde sa potentialité que pendant quelques repiquages in vitro ce qui correspond à la louche entre 10 cm et 1 mètre de croissance linéaire au total suivant les souches (avec une très forte variabilité au sein même d'une espèce). Le mycélium dégénère ensuite très rapidement, pour une raison inconnue, au moins en milieu artificiel. En milieu naturel, cette dégénérescence n'est pas étudiée. Dans une perspective de culture, il faut donc limiter les repiquages au strict minimum (isolation et 2 étapes d'amplification au maximum). Le repiquage de sclérotes semble moins affecté par la dégénérescence (Buscot). La morille est donc un champignon qui pousse très vite et très vigoureusement (éventuellement par vagues successives), mais pas très loin. Le mycélium n'est clairement pas une forme de propagation efficace de la morille à longue distance (>1 m). Les cultivateurs chinois annoncent de plus que la conservation des souches est possible à peu près 6 mois à 4°C, sans quoi le rendement de culture est fortement impacté. A mon avis, ceci indique que plus que l'âge absolu de la souche, c'est plutôt le nombre total de divisions (une sorte de limite de Hayflick) que peut subir une cellule de mycélium qui est plus limité chez la morille que chez d'autres champignons. La dégénérescence chez les fungi semble toucher en particulier les mitochondries. Les cellules de mycélium présentent chacune de nombreux noyaux (au moins 10-15 en phase de croissance exponentielle, et jusqu'à 65 au repos), et ce dès le stade de spore. Ceci n'est sans doute pas étranger à l'association fort potentiel d'expression des gènes/durée de vie limitée que l'on observe chez la morille. Toute souche de morille que l'on a pas isolé soi-même a donc sa place directement au compost, faute de toute traçabilité de son historique de repiquage. Un ascocarpe ne naît jamais loin du point d'inoculation de son mycélium pour la même raison. Une souche de morille ne pouvant donc pas être clonée indéfiniment (même conservée dans les règles de l'art), l'expansion à l'échelle industrielle des meilleures souches ne peut générer que des succès limités dans le temps. La constitution de bibliothèques de souches n'a d'intérêt que pour la recherche fondamentale puisque l'issue inéluctable de tout clonage de souche de morille à grande échelle est sa dégénérescence. Encore une fois, ceci plaide en la faveur d'une inoculation directe par des spores plutôt que par du mycélium amplifié pour la culture des morilles. Hervey propose un critère pour détecter la dégénérescence du mycélium : la densité du mycélium diminue par chute du nombre d'embranchements, à vitesse constante de croissance, avant l'arrêt brutal. Les cellules terminales du mycélium dégénéré ne contiennent alors plus aucun noyau ni cytoplasme (étude sur Morchella esculenta). Cette vitesse de dégénérescence est très variable entre souches. Buscot soupçonne les milieux de culture "classiques" d'être trop synthétiques pour pouvoir supporter la croissance du mycélium sur le long terme. Ceci pose un problème intéressant : dans la nature, le mycélium passe l'été dans le sol à haute température sans que cela induise sa sénescence. Donc soit le sol est suffisamment peu nutritif (mycélium sous restriction calorique) pour que le mycélium y survive tout juste, en sommeil, soit certains facteurs de croissance (comme des microéléments) présents dans le sol et pas dans les milieux de culture synthétiques retardent sa sénescence. Une manière élégante de lever ce mystère serait d'éprouver la durée de vie du mycélium de morille sur une gélose d'extrait de sol (Soil extract agar), avec témoin sur milieu PDA, ce qui à ma connaissance n'a jamais été fait.
- Le mycélium de morille peut se nourrir de n'importe quel type de substrat stérilisé (en culture solide ou liquide) du moment qu'il contient azote et carbone assimilables et un pH légèrement basique : céréales, pain, déchets organiques (tomates, citron, pâte de papier, épluchures de légumes, dérivés laitiers, etc.). La présence de calcium (cendres, chaux, carbonate de calcium) est essentielle. Le blé reste le substrat de référence pour les cultures stériles. Fait insolite, la présence de morilles autour de cadavres d'animaux restés en place l'hiver ou de restes humains (au printemps 1919 par exemple, sur zone bombardée), est également reportée. La mise en place de sources de carbone avant le 11 novembre est donc un paramètre favorable... et l'appétence de l'homme pour la morille tout à fait réciproque semble-il.
- Le mycélium de morilles ne garde sa potentialité que pendant quelques repiquages in vitro ce qui correspond à la louche entre 10 cm et 1 mètre de croissance linéaire au total suivant les souches (avec une très forte variabilité au sein même d'une espèce). Le mycélium dégénère ensuite très rapidement, pour une raison inconnue, au moins en milieu artificiel. En milieu naturel, cette dégénérescence n'est pas étudiée. Dans une perspective de culture, il faut donc limiter les repiquages au strict minimum (isolation et 2 étapes d'amplification au maximum). Le repiquage de sclérotes semble moins affecté par la dégénérescence (Buscot). La morille est donc un champignon qui pousse très vite et très vigoureusement (éventuellement par vagues successives), mais pas très loin. Le mycélium n'est clairement pas une forme de propagation efficace de la morille à longue distance (>1 m). Les cultivateurs chinois annoncent de plus que la conservation des souches est possible à peu près 6 mois à 4°C, sans quoi le rendement de culture est fortement impacté. A mon avis, ceci indique que plus que l'âge absolu de la souche, c'est plutôt le nombre total de divisions (une sorte de limite de Hayflick) que peut subir une cellule de mycélium qui est plus limité chez la morille que chez d'autres champignons. La dégénérescence chez les fungi semble toucher en particulier les mitochondries. Les cellules de mycélium présentent chacune de nombreux noyaux (au moins 10-15 en phase de croissance exponentielle, et jusqu'à 65 au repos), et ce dès le stade de spore. Ceci n'est sans doute pas étranger à l'association fort potentiel d'expression des gènes/durée de vie limitée que l'on observe chez la morille. Toute souche de morille que l'on a pas isolé soi-même a donc sa place directement au compost, faute de toute traçabilité de son historique de repiquage. Un ascocarpe ne naît jamais loin du point d'inoculation de son mycélium pour la même raison. Une souche de morille ne pouvant donc pas être clonée indéfiniment (même conservée dans les règles de l'art), l'expansion à l'échelle industrielle des meilleures souches ne peut générer que des succès limités dans le temps. La constitution de bibliothèques de souches n'a d'intérêt que pour la recherche fondamentale puisque l'issue inéluctable de tout clonage de souche de morille à grande échelle est sa dégénérescence. Encore une fois, ceci plaide en la faveur d'une inoculation directe par des spores plutôt que par du mycélium amplifié pour la culture des morilles. Hervey propose un critère pour détecter la dégénérescence du mycélium : la densité du mycélium diminue par chute du nombre d'embranchements, à vitesse constante de croissance, avant l'arrêt brutal. Les cellules terminales du mycélium dégénéré ne contiennent alors plus aucun noyau ni cytoplasme (étude sur Morchella esculenta). Cette vitesse de dégénérescence est très variable entre souches. Buscot soupçonne les milieux de culture "classiques" d'être trop synthétiques pour pouvoir supporter la croissance du mycélium sur le long terme. Ceci pose un problème intéressant : dans la nature, le mycélium passe l'été dans le sol à haute température sans que cela induise sa sénescence. Donc soit le sol est suffisamment peu nutritif (mycélium sous restriction calorique) pour que le mycélium y survive tout juste, en sommeil, soit certains facteurs de croissance (comme des microéléments) présents dans le sol et pas dans les milieux de culture synthétiques retardent sa sénescence. Une manière élégante de lever ce mystère serait d'éprouver la durée de vie du mycélium de morille sur une gélose d'extrait de sol (Soil extract agar), avec témoin sur milieu PDA, ce qui à ma connaissance n'a jamais été fait.
- La pigmentation du mycélium de morille est analysée de manière assez diverse par les différents auteurs. Si Molliard et Buscot considèrent la pigmentation du mycélium (et/ou du milieu de culture) comme étant plutôt un signe de bonne santé (le mycélium sénescent ou poussant sur des milieux fortement non-nutritifs n'est pas/plus capable de se pigmenter), les publications récentes montre que la pigmentation des ascomycètes est en fait plutôt la réponse à un stress oxydatif (présence de dérivés actifs de l'oxygène dans le milieu intracellulaire) ou trophique (lumière trop intense, température trop haute, manque d'azote) pendant la croissance. Les différents pigments produits (mélanine, flavines, quinones, caroténoïdes) ayant dans ce cas divers rôles (limitation de la photo-oxydation, intermédiaires de la chaîne respiratoire, antioxydants, ou juste métabolites finaux s'accumulant, etc.). Je pense que les deux visions sont complémentaires : un mycélium jeune (en bonne santé) poussant dans des conditions de stress oxydatif produira intensément des pigments. Inversement, un mycélium sénescent ne pourra plus activer les voies métabolique de protection nécessaire à sa survie. Aspect pratique : le stress oxydatif étant un des principaux promoteur de la sénescence, il n'est pas absurde de penser que les milieux de culture artificiels générant le moins de pigmentation chez un même mycélium jeune (à vitesse de croissance équivalente) seront ceux qui optimiseront sa durée de vie dans une optique de conservation. Dans la même optique, les cations métalliques (essentiellement Cu, Zn, Mn, Ni et Fe) précurseurs des catalases et dismutases (comme la superoxyde dismutase) intervenant dans les processus de conversion des dérivés actifs de l'oxygène, présents en quantités suffisantes dans les milieux de culture artificiels, doivent retarder la sénescence du mycélium. Cette réflexion recoupe la question de savoir quels éléments déficitaires empêchent les morilles de fructifier plusieurs années de suite au même endroit. L'importance de ces cations (microéléments) est déjà évoquée par Buscot en 1987. Le fer, le zinc et le manganèse sont pressentis comme étant des microéléments clefs pour les morilles. Le manganèse en particulier est le noyau actif de la superoxyde dismutase présente dans les mitochondries des eucaryotes, dont font partie les fungi.
- Enfin il ressort que l'essentiel de l’effort scientifique sur l'étude de la culture et de la biologie des morilles depuis 2010 est essentiellement chinois, avec des papiers de très haut vol dans les revues internationales à comité de lecture. Les sources chinoises antérieures sont en langue locale et difficiles d'accès (pas à cause de la langue mais des moteurs de recherche tout pourris en Chine, n'est pas Google qui veut) et les brevets pour la plupart insignifiants pour cause de sérieuses antériorités. Les américains considèrent d'ailleurs la méthode chinoise de culture des morilles avec une certaine circonspection étant donné l'échec commercial du procédé Ower (voir les articles suivants), dont la méthode chinoise est très fortement inspirée. Paradoxalement, la France, grosse (première ?) consommatrice mondiale de morilles, est quant à elle quasi-absente des publications scientifiques sur la culture des morilles ou leur cycle biologique depuis la fin des années 90 (à l'exception d'une collaboration INRAE Nancy - Sichuan Academy of Agricultural science). J'exclue bien sûr de la bibliographie les innombrables articles des pisse-copies de la presse locale française qui se font l'écho de procédés de culture des morilles "secrets" et "confidentiels" ou encore de "pionniers" qui ne font que plagier (à leur insu et à leurs frais, malheureusement) un brevet américain tombé dans le domaine public depuis 2006 et revendu (très cher) sous le manteau par des margoulins chinois après une simple étape de remballe qui a d'ailleurs plus ou moins lamentablement foiré (voir articles suivants pour essayer de comprendre qui arnaque qui, la chaîne des intermédiaires étant longue). En tout cas cette "recette secrète chinoise" est devenue en France une magnifique pompe à argent public dans un pays qui n'a plus aucune méthode pour redresser son secteur industriel et agricole autre que miser sur les partenariats public-privé les plus douteux. Tout le monde n'est pas perdant dans l'histoire car heureusement, chaque matin, un pigeon se lève (proverbe immobilier).
Maintenant, un peu de lecture pour ouvrir ses chakras : Histoire récente de la culture des morilles
La plupart des sources sont accessibles via ResearchGate, Google Livres, Google Scholar, ou en open access, certaines rares demandent d'avoir un abonnement universitaire, mais on trouve en grattant un peu dans d'obscurs sites russes.
Un bon site anglophone tenu à jour avec les dernières infos publiées : ressources for mushroom growers
La thèse de F. Buscot, seule version numérique existante (jamais scannée depuis 1987) : Contribution à l'étude d'une espèce de morille de la forêt Rhénane - Morchella rotunda (Pers.) Boudier. Perspectives de domestication.
Je répondrai volontier à toute question ou demande de source dans les commentaires, dans les limites de mes compétences.
E. A. Hobbie et al. Isotopic evidence indicates saprotrophy in post-fire Morchella in Oregon and Alaska. Mycologia, 108(4), 2016, pp. 638–645. DOI: 10.3852/15-281.
Q. Liu et al. Effects of element complexes containing Fe, Zn and Mn on artificial morel's biological characteristics and soil bacterial community structures. PLoS ONE 12(3): e0174618. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0174618
Y. C. Zhao et al. Production of Morels. Past, Present and Future Outlook. World Society for Mushroom Biology and Mushroom Products. Bulletin Number 16. January 31st, 2017.
Je répondrai volontier à toute question ou demande de source dans les commentaires, dans les limites de mes compétences.
Bibliographie sommaire par ordre chronologique :
A. Hervey et al. Cultural Studies of single ascospore isolates of Morchella esculenta. Mycologia, Vol. 70, 1978.
R. Ower.
Notes on the development of the morel ascocarp : Morchella esculenta.
Mycologia, 74(1), 1982, 142-143.
P. Berthet. A propos d'une récolte automnale de morilles.
Bulletin de la société linnéenne de Lyon, 52ème année, n°8, octobre 1983.
P. Stamets. The Mushroom Cultivator. A practical guide to growing mushrooms at home. Agarikon Press. 1983. Téléchargeable ici.
J. Dupont et al. Conservation et instabilité des souches de champignons filamenteux Impact de la cryoconservation. Bulletin de la Société Botanique de France (1986) . Actualités Botaniques, 133:3, 105-124, https://doi.org/10.1080/01811789.1986.10826793
F. Buscot. Contribution à l'étude d'une espèce de morille de
la forêt alluviale rhénane : Morchella rotunda (pers.) Boudier. Thèse de
doctorat de l'Université de Strasbourg, soutenue le 27 mai 1987. Version de la Bibliothèque du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, Gracieusement prêtée par la bibliothèque universitaire de Grenoble.
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Morilles obtenues en conditions contrôlées par Ower à différents stades (1982). |
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